lundi 30 mars 2015

Le progrès au service de l'Homme

J'évoquais dans mon précédent billet les enjeux environnementaux qui font de la décroissance (maîtrisée) une nécessité afin de revenir à un rythme viable pour la planète qui nous héberge, et donc pour nous. La notion de maîtrise et d'accompagnement du changement est primordiale afin d'éviter un effondrement avec les règles économiques actuelles chantres de la croissance.

Le défi écologique est certes primordial, un fil rouge dans l'élaboration des (r)évolutions à mener, mais les réponses doivent par ailleurs (tant que faire se peut) permettre de répondre aux enjeux sociaux et dérives de notre système. Et l'un ne paraît pas incompatible avec l'autre, mieux encore il semble possible de bâtir un projet cohérent socialement et écologiquement.

Inversion de la courbe de progression sociétale


L'Homme a toujours cherché le progrès, c'est une de ses caractéristiques, par la création d'outils de plus en plus sophistiqués tout au long de son histoire. Ce progrès a toujours été dans le sens de l'amélioration de procédés existants pour gagner en efficacité et en praticité. On a ainsi pu voir au fil de l'humanité des gains substantiels en qualité matérielle de vie.

Au cours des deux derniers siècles, le saut de puissance permis par les énergies fossiles et leur utilisation croissante a provoqué une accélération du rythme d'innovation sans précédent. Dans le cadre d'un capitalisme encadré cela nous a permis de générer des progrès sociaux importants sur une période courte comparé aux évolutions des précédents systèmes sociétaux.

En 150 ans, outre les avancées technologiques, d'énormes avancées sociales ont en effet été réalisées  notamment en matière de durée de travail. En 1848, un décret fixe la durée journalière maximum de travail de douze heures ; une journée de repos hebdomadaire est imposée en 1906 ; et en 2000 les lois Aubry I et II fixent la durée hebdomadaire légale du travail à 35 heures.

Or, avec une productivité pourtant croissante, on remarque que cette tendance s'inverse : loi Fillon de 2003 (relève le contingent d'heures supplémentaires et privilégie les majorations salariales aux récupérations) ; assouplissement supplémentaire des 35h en 2005 ; loi TEPA ("paquet fiscal") de Nicolas Sarkozy au lendemain de la campagne présidentielle de 2007, remportée avec le slogan "Travailler plus pour gagner plus"... Et tout récemment le passage en force de la loi Macron qui va encore dans le sens de l'assouplissement du code du travail et des 35 heures.


Ainsi malgré une productivité jusqu'ici inégalée, alors que l'on recense presque 10% de chômage, le temps de travail aurait besoin d'augmenter ?

Une impasse pour des enjeux globaux


Une des raisons de l'inversion dans les pays dits développés de la courbe d'évolution des avancées sociales se trouve dans la globalisation de l'économie. Avec la diffusion des technologies et une main d’œuvre de plus en plus qualifiée dans les pays en développement, les économies des pays occidentaux, "handicapées" par des protections sociales et un niveau de vie élevés, ne peuvent pas rivaliser avec celles des pays émergents, où la main d’œuvre est bien meilleure marché.

En conservant le système économique mondial actuel, on pourrait peut-être espérer viser un ajustement de la balance des inégalités. Avec ainsi à court terme une baisse des acquis sociaux des pays développés et parallèlement une hausse de ceux des pays émergents. Cela jusqu'à atteindre une sorte de point d'équilibre pour pouvoir ensuite progresser ensemble. Cette perspective, bien que contraignante sur le court terme pour les pays les plus développés à l'heure actuelle, serait une perspective profitable à l'humanité sur le long terme. Cela semble le meilleur scénario a priori envisageable dans un futur où les principales règles du jeu économiques resteraient inchangées.

Aux rythme des évolutions sociétales cette issue économico-sociale n'est envisageable au mieux qu'à moyen terme. Or il s'agit d'une échelle de temps à laquelle notre système économique n'est absolument pas viable du fait de son impact environnemental et de l'urgence écologique. Ce scénario à long terme se heurte à la capacité finie de la planète à fournir des ressources et se régénérer et son incompatibilité avec la consommation outrancière du modèle actuel :
« La dégradation et l’érosion de notre capital environnemental naturel risquent de se poursuivre jusqu’en 2050, entraînant des changements irréversibles qui pourraient mettre en péril les acquis de deux siècles d’amélioration des niveaux de vie. » 


L'Agence Européeenne pour l'Environnement (AEE) tire également la sonnette d'alarme dans un rapport publié au début du mois (L'environnement en Europe : état et perspectives 2015 – Synthèse), où elle invite à « une refonte complète des systèmes de production et de consommation qui sont à l'origine des pressions exercées sur l'environnement et le climat ». Ce qui nécessite, ajoute-t-elle, « de profonds changements dans les institutions, les pratiques, les technologies, les politiques et les modes de vie et de pensée prédominants ».


Il s'agit ainsi de tenter d'adresser les enjeux sociaux et dérives du système actuel en profitant des synergies offertes par les (r)évolutions de toutes manières indispensables sur le plan écologique.

Redistribution des fruits de l'automatisation


Comme évoqué plus haut, les évolutions réalisées en matière de technologie grâce et couplées à l'utilisation d'énergie ont permis des gains considérables en matière de temps de travail. Les tâches devraient continuer à s'automatiser progressivement au vu des avancées dans le domaine de la robotisation et de l'intelligence artificielle :



Or le recul sur cette situation n'est pas pris dans l'élaboration de nos politiques qui s'efforcent de réaugmenter le temps de travail pour permettre de gagner en rentabilité et survivre économiquement face aux pays émergents. Cette stratégie ne semble pouvoir porter des fruits qu'à court terme du fait de la bombe sociale à retardement qu'elle génère, en plus de la problématique environnementale évoquée plus haut.

En effet, l'automatisation faisant diminuer drastiquement la main d’œuvre nécessaire, dans la mesure où ne sont pas instaurées plus de règles de régulation et de redistribution, les bénéfices tirés de ces progrès technologiques profitent principalement aux détenteurs des moyens de production. Cela engendre un déséquilibre dans le rapport de force entre capital et travail, précarisant in fine l'ensemble du marché du travail, comme l'illustre Bernard Stiegler de manière tout à fait pertinente dans la vidéo ci-dessus.

Le progrès n'a ainsi plus pour principal bénéficiaire l'amélioration de la condition générale mais celle d'un petit groupe. Les règles du capitalisme comme vecteur de progrès collectif grâce à l'initiative individuelle n'ont plus de sens face à de grands conglomérats qui, par leur influence financière et politique, concentrent les gains issus de cette automatisation.

Paul Jorion, chercheur en sciences sociales, en tire la même analyse :




Il s'agit donc de remettre le progrès tiré du travail au service de l'amélioration de la condition humaine et l'épanouissement du citoyen.

Une Réforme Nécessaire


La société est ainsi appelée à se réinventer, afin que les bénéfices du progrès soient dirigés vers l'ensemble de la société en améliorant la qualité de vie du plus grand nombre. L'automatisation croissante doit continuer à aller dans le sens d'un gain en liberté pour l'individu, de la baisse de son aliénation au travail, et non de sa précarisation.

On a vu que la charge de travail globale est appelée à diminuer, du fait de l'automatisation d'une part et dans un contexte appelé à la décroissance écologique de l'autre. Mais malgré cette "disparition" du travail il s'agit de garantir l'emploi, à savoir une activité rémunératrice pour l'individu lui permettant de répondre à ses besoins.

Les mécanismes économiques qui régissent notre société doivent ainsi être repensés, puisqu'ils n'arrivent pas à maîtriser naturellement ses dérives. Le capitalisme, s'il n'est pas (assez) encadré, va chercher à accomplir le plus de travail avec le moins d'emploi afin de gagner en compétitivité. C'est donc a minima en régulant davantage le système actuel, voire en le reformant profondément, qu'il va être possible de rétablir l'équilibre entre le capital et le travail.

Pour garantir l'emploi au plus grand nombre face a une diminution du travail, il n'y a pas de miracle, cela passe nécessairement par une baisse du temps de travail individuel. Afin de ne pas précariser les citoyens qui travailleraient donc moins, cela doit évidemment s'accompagner de mesures permettant une meilleure redistribution des gains de la productivité et du progrès. Cela devra nécessairement s'inscrire dans une réforme en profondeur de la société et des mécanismes économiques. Des pistes sont évoquées dans le précédent billet et feront l'objet de futurs articles.

2 commentaires:

  1. Analyse claire, bien documentée... qui énonce de tels bouleversements présents et pire à venir, qu'une mobilisation totale, une (r)évolution doivent enfler et grossir dans la conscience de chacun et surtout dans celle de nos dirigeants et économistes.... impossible challenge ??? Pourvu que non !

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